1. SYNTHESE DES REUNIONS INTERBASSINS
DE NOVEMBRE 2000
Cette deuxième série de réunions interbassins a permis de faire avancer la réflexion sur un grand nombre de points, grâce notamment à l'apport des professeurs déjà engagés depuis deux mois dans les TPE avec leurs classes. Certains problèmes d'organisation ont pu trouver un début de solution, d'autres restent posés avec plus ou moins d'acuité selon les établissements.
Par ailleurs la participation d'élèves délégués a enrichi les travaux des ateliers aux Lycées V. Hugo (Marseille) et E. Zola (Aix-en-Provence).
Concernant le choix du sujet et l'accompagnement des élèves :
Dans la plupart des cas, les professeurs n'ont pas retenu la totalité des thèmes proposés pour leur série. Deux disciplines dominantes ont souvent été déterminées à l'avance, mais dans les établissements où une mise en barrette de plusieurs classes a été prévue, une plus grande liberté a pu être laissée aux élèves dans le choix des disciplines.
La mise au point d'une problématique prend du temps, et reste à ce stade de l'année une préoccupation majeure, du moins dans les séries S et ES.
Certains ont préféré parler de questionnement ou de question : les groupes ont en effet eu bien du mal à proposer une définition commune pour le terme de problématique, et ont pris conscience de la nécessité de trouver une terminologie suffisamment explicite.
Il semble que pour certains groupes il soit nécessaire de rassembler une documentation assez large avant de déterminer une question. Des allers et retours entre recherche documentaire et questionnement du sujet sont en effet indispensables pour affiner la mise au point du sujet.
Dans tous les cas l'ancrage local semble être une piste efficace pour une recherche documentaire plus ciblée (ex. : La mémoire/En Provence/Dans l'œuvre de Pagnol; Quelle Mémoire du cinéma à La Ciotat ?).
L'articulation avec les programmes des disciplines est à placer davantage au niveau des compétences qu'à celui des connaissances. Même si un sujet paraît à première vue " mono disciplinaire ", l'accompagnement par le professeur de l'autre discipline et le documentaliste apporte à l'élève un regard complémentaire issu de la culture de chaque spécialité.
Le rôle des professeurs et du documentaliste est dans cette phase déterminant : les débats sur la possibilité de guider les élèves, de les orienter vers des sujets à leur portée, voire même de leur démontrer que certains domaines trop pointus ou trop vastes sont à éviter, ont montré une grande diversité de points de vue. A ce titre, une mise en commun des expériences diverses et une réflexion a posteriori seront certainement enrichissantes.
Concernant les TPE en SI :
Comme les autres filières de la voie générale, les Sciences de l'Ingénieur mettent en place les TPE. Tout en s'inscrivant dans le cadre général (choix des thèmes, suivi, évaluation), quelques singularités apparaissent qui sont précisées dans le B.O. n°30 du 31/08/2000 (page V) : horaire inscrit dans l'horaire de la discipline, pluridisciplinarité suggérée et non imposée. Notons à ce propos que le corps d'inspection préconise fortement la pluridisciplinarité, dont la mise en place effective sera accompagnée d'une dotation horaire complémentaire.
Le démarrage des TPE est en cours dans tous les lycées concernés de l'Académie, avec l'aide et le soutien des chefs de travaux (et/ou des chefs d'établissement) : ceux-ci ont été informés des modalités pratiques lors d'une journée de travail lancée par M. le Recteur (le 24 octobre 2000).
Concernant le carnet de bord :
Plusieurs établissements ont proposé aux élèves des "modèles" de carnets de bord, ou des feuilles pour préparer le suivi pédagogique de chaque séance. Des élèves présents dans les ateliers se sont montrés intéressés, car pour eux la tenue de ce cahier semble être un casse tête. La aussi les points de vue des enseignants divergent : Il y a ceux qui sont pour un cahier "prêt à remplir ", ceux qui laissent les élèves complètement libres, et ceux qui ne savent pas encore… De façon générale, pour les professeurs, l'exercice de concilier autonomie de l'élève, et directivité nécessaire à une certaine efficacité, est un des plus difficiles !
Concernant l'évaluation :
Les points qui semblent faire l'unanimité auprès des professeurs :
- L'évaluation doit s'appuyer sur le carnet de bord, l'exposé et la production finale.
- Il faut évaluer le travail de chaque élève à l'intérieur du groupe (ce ne sera pas toujours facile...) et tout au long de l'année.
- D'autres adultes que les enseignants qui ont encadré le TPE peuvent être associés à l'évaluation.Sur la composition de l' "équipe" qui évalue, les critères retenus, l'appréciation et(ou) la note chiffrée, il y a diversité des modalités d'un établissement à l'autre. Mais il faut tout faire pour éviter les distorsions à l'intérieur d'un même établissement .
Un point qui fait l'unanimité des élèves présents aux réunions, mais pas celle de tous les adultes : si le TPE n'est pas noté, il ne sera pas pris au sérieux ! Une réelle réflexion et formation des élèves, des parents d'élèves, des enseignants est à engager sur le plan de l'évaluation des compétences.
Le point sur les questions d'organisation et de responsabilité :
La question de la responsabilité civile et pénale des enseignants lorsque les élèves sont hors de la classe a été en grande partie résolue : une note à ce sujet, émanant du rectorat, est arrivée dans les établissements.
Dans beaucoup d'établissements, les CDI ont du mal à faire face à la demande, en termes de documentation papier, de disponibilité des documentalistes, de place, ou de nombre d'accès INTERNET. La question du nombre de postes de documentalistes a été souvent posée. Des crédits ont été notifiés aux établissements pour l'équipement des CDI.
Les différents choix d'organisation du temps et des services possibles (heures groupées ou séparées, nombre de classes en barrette, plage horaire...) méritent d'être observés et analysés pour la rentrée 2001.
Ce qu'en pense une élève (interview rapide, au lycée E. Zola) :
- Qu'est-ce qu'un TPE pour vous ?
« L'élève fait une recherche et se responsabilise. Il prend en main le fait d'être en groupe. Il lui faut être autonome, et préparer une présentation orale ».- La bi disciplinarité, cela change-t-il quelque chose ?
« C'est bien car on a plus de marge, plus de choix de sujets. Les TPE aident à prendre conscience que les matières math, physique, svt, se rejoignent ».- Et le travail avec des professeurs aujourd'hui ?
(large sourire) : « Je sentais que mon avis était important. On voit du côté des professeurs les contraintes par rapport à celles de l'élève. On essaie tous de construire le TPE ».
Ce que ces réunions ont apporté aux équipes d'animation :
- Les TPE sont un lieu de coopération et de mutualisation. Il y a une réelle nécessité de travailler en équipe, de réfléchir à plusieurs, même si ce n'est pas toujours facile...
- Les TPE sont un lieu de recherche et de réflexion pour l'élève et le professeur. Ils ne doivent pas être placés en périphérie des activités proposées aux élèves, comme une couche supplémentaire, mais au centre de leur formation.
- Les TPE sont un lieu de reconnaissance mutuelle des regards des différents acteurs du système éducatif (documentalistes, conseillers d'éducation, chefs d'établissement, formateurs, inspecteurs) sur le même travail d'un élève.
- Les TPE sont un lieu de reconnaissance des différences d'approche de chaque discipline concernée sur un même sujet : chacune selon sa culture disciplinaire, avec sa propre méthodologie.
- Une réflexion sur l'apport des enseignements disciplinaires en terme de compétences, et sur leur évaluation est engagée : Pour les enseignants, il peut y avoir là le point de départ d'une modification en profondeur de leur façon d'appréhender l'enseignement de leur discipline et l'évaluation.
- Les TPE offrent à tous les élèves une chance de réussir : ce n'est pas le meilleur TPE qui est recherché, mais celui qui fait faire des progrès à ses auteurs. L'idée peu à peu émerge que d'autres types d'intelligence peuvent être valorisés à l'école : intelligences expérimentales, conceptuelles, verbales…
- Il est important de garder un "esprit" expérimentateur alors que bien sûr (et fort heureusement) notre compétence professionnelle en matière d'encadrement des TPE se construit et s'affirme.
Les TPE un nouveau moteur de la formation pour tous ?
2. PERSPECTIVES
Pour cette année scolaire :
Une demande assez forte a semblé émerger de réunions de travail autour de l'évaluation des TPE et des compétences développées. Un travail de formation est à poursuivre sur le terrain ou dans le cadre du bassin.
Courant janvier ou début février 2001, une réunion de l'équipe d'organisation élargie à des professeurs ressources pourrait entre autres aborder :
- Le point sur les TPE dans les établissements
- Les difficultés et les avancées de tout ordre
- L'évaluationDes visites-conseils peuvent être envisagées dans les établissements, et de toutes façons les équipes d'établissement qui encadrent les TPE peuvent faire appel à des personnes ressources, en s'adressant aux IA-IPR ou à l'IUFM.
Préparer la rentrée 2001 :
Différents textes de cadrage préciseront certainement les modalités de mise en place dans les autres niveaux ou les autres filières l'année prochaine. L'expérience de cette année aura d'ici-là permis aux équipes d'établissement d'envisager l'organisation pédagogique la plus appropriée en fonction des contraintes locales. Pour autant, une réflexion au niveau académique, ou par bassin, autour du bilan d'expérience de cette année scolaire et des perspectives pour l'année suivante sera certainement utile avant la fin de l'année scolaire 2000-2001.
Inspection pédagogique régionale, janvier 2001